vendredi 27 août 2010

Les Conquérants

"Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal
Fatigués de porter leurs misères hautaines
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango murit en ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Au bord mystérieux du monde occidental

Chaque soir espérant des lendemains épiques
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantaient leur sommeil d'un mirage doré.

Où penchés à l'avant de blanches carravelles,
il regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'océan des étoiles nouvelles"


José Maria de Heredia

Il n'y aura pas de bateau magnifique, ni d'inconnu grandiose. J'ai laissé la traversée de l'océan à d'autres, pensant -naïvement peut être- que mon heure viendrait lorsque l'envie du grand voyage aurait creusé plus profondément son sillon.
Je pars pourtant, la date approche et je prends patience. Ces derniers jours sont étranges, plein de cet avenir particulier, pleins des mots d'Heredia. C'est il y a longtemps, en cours de français, que j'ai appris ce poème. Il raisonnait comme une promesse exotique, presque mystique. Une promesse que je n'ai pas oubliée.
Dans un peu plus d'une semaine, je serai à Berlin. Et malgré la relative proximité, je vois déjà monter "les étoiles nouvelles".
L'attente est une période étrange, prenante, qui deviendrait presque une activité à part entière.
Je vous ai vu partir, j'ai lu vos mots. Je vous sais loin dans des pays qui me sont inconnus. Je vous imagine et j'attends d'avoir aussi milles choses à vous raconter.
Parfois, victime régulière de la difficulté de vivre au jour le jour, je pense aux retrouvailles. Je sais déjà à quel point nous serons grandis. Avant même le commencement, j'ai hâte de nous rencontrer, nous riches de fabuleuses conquêtes!
Au moment de la découverte de l'étranger, je ne peux m'empêcher de penser qu'en partant c'est peut être nous même que nous allons rencontrer