jeudi 2 juin 2011

Et la suite...



Et tout va si vite, est si plein que l'on ne distingue plus le jour de la nuit. Il n'y a qu'un tourbillon de couleurs, des visages, un soleil éblouissant et tout à coup l'orage qui claque. À peine à l'abri, on regarde l'eau, violente, qui emporte tout. C'est si beau que l'on rit.


Au centre

Berlin

Il y a quelques temps: Cracovie.

Dans le train, je sens l'appel de l'Est, il sonne comme un inconnu mystérieux, un lointain parent jamais rencontré. Les paysages défilent, verts à perte de vue.

Comme pour Prague, rien n'est tout à fait neuf: il y a l'Histoire et les histoires qui précédent les découvertes et peut être l'empêchent ou l'orientent.

À Prague, il y avait les mots de Kundera, les fantômes de Tomas et Teresa qui peinent à s'aimer, il y a l'art impossible pour Sabina, le printemps avorté et les étudiants qui s'embrasent.

Finalement, les rues sont calmes et superbes. Elles sont les résultats d'une culture et d'une richesse fantastiques, d'une Histoire que l'on ne connait pas. On est touché par le beau à chaque instant, c'est l'hiver en Bohème: il neige le premier jour. Et après la découverte de Chemnitz, l'ancienne Karl Marx Stadt, c'est un peu étrange.



Cracovie

Cracovie est la petite sœur de Prague, toute aussi belle et royale. D'elle, je ne connaissais rien. Dans le train, je ne pouvais me l'imaginer. Je ne pensais qu'à l'Histoire, encore: aux Nazis et aux Soviétiques. Que la Pologne avait été rayée trois fois de la carte. Je me disais que c'était une terre meurtrie.


Cracovie

À la gare, Rafael -un ami polonais- nous attend avec Elisa. Il nous accueille avec chaleur et nous guide à travers sa ville, nous montre ce qu'il aime. Il y a le château, les églises par dizaines et le quartier juif un peu plus populaire.



Tout me plait, ou presque. C'est surprenant de constater la transition des anciens pays communistes. En témoigne l'immense centre commercial, les enseignes reluisantes et écœurantes, les horaires absurdes. Ici, possibilité de consommer à (presque) toutes heures et tous les jours. C'est assez paradoxal pour un pays si catholique où Jean Paul II est, littéralement, à tous les coins de rue. Il paraît qu'une nouvelle religion s'est imposée...


Cracovie

Le lundi, nous sommes parties toutes les deux pour Auschwitz. J'avais hésité, craignant le voyeurisme et le tourisme de l'horrible. Et puis, j'ai eu besoin d'y aller, comme si c'était un terme. C'est par la Shoah que je suis venue à l'allemand et à Berlin, parce que je voulais comprendre. Je n'ai pas compris.



Cracovie

Dans le petit bus qui nous menait à Auschwitz, j'avais cette drôle de boule dans l'estomac.

Arrêt Auschwitz Museum. Il y a beaucoup de gens, des enfants, des bébés aussi. C'est trop, déplacé.

Notre groupe est respectueux, nous écoutons le guide qui rappelle de que l'on sait déjà. Intellectuellement au moins. Plus que les baraquements, l'organisation froide et parfaite, ce qui me touche le plus ce sont les cheveux, les vêtements, les chaussures. Parce qu'ils rappellent que l'on parle d'hommes. Et même là-bas, c'est inenvisageable.

À la sortie de chaque lieu, lorsque l'on retrouve l'air libre, je m'accroche au soleil. Et c'est absurde, comme ces gens qui ouvrent chaque matin leur fenêtre sur le camp.

Au bout de quelques heures, j'étais soulagée de partir. Mais le froid reste longtemps.


Berlin

A Berlin, c'est le printemps, presque l'été. Et chaque jour, j'aime plus la ville (ma deuxième Heimatstadt « ville d'origine) et ce mode de vie un peu alternatif et ralenti.


Les visites s'enchainent: ces derniers jours Mimi, Béa, Créteil et Thibault. Ça fait du bien de montrer ce que l'on aime: les quartiers différents, les parcs, l'art urbain, les marchés aux puces, les aéroports abandonnés. Nos vies ont des airs de colonies de vacances et je sens la crème solaire.



Le temps passe. Depuis quelques temps, j'ai l'impression que c'est la fin. Il reste deux mois malgré tout. Ça n'en finit pas d'en finir. Il y a les premiers « au revoir » qui font penser à ceux à venir. Et les retrouvailles avec les visiteurs qui nous tournent aussi vers l'avenir. Alors on se répète « einfach Geniessen » : simplement profiter!


Et la semaine prochaine: Budapest!

1 commentaire:

  1. Merci pour le texte et les photos, elles sont vraiment très belles.
    J'aime l'idée de l'appel de l'Est. La géographie devient poétique quand elle veut. Depuis que je suis au Brésil je suis pris d'une attirance étrange pour les pays de l'est de l'Europe et pour la Russie... Ces pays semblent les exacts opposés à là où je me trouve.
    J'ai hâte de lire tes récits de Budapest, abraços.
    Lionel

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